Lors d’un weekend prolongé, nous avons loué une voiture pour visiter la famille de mon compagnon qui vit à Carvalhal dans l’Alentejo. Région magnifique avec de sublimes plages de sable blanc et des eaux turquoises. A l’occasion, il faudra que j’écrive un article dessus. Bref, comme nous avions une voiture, nous en avons profité pour enfin découvrir le Cap Espichel. Et là, un vrai coup de cœur pour cette lande, battue par les embruns. Et cerise sur la gâteau, un très intéressant sanctuaire, aujourd’hui abandonné, témoin de légendes anciennes.

Histoire et légendes du Cap Espichel

Avant de commencer notre visite, faisons un petit voyage dans le temps. Tout commence au XVème siècle, avec la construction d’une petite chapelle sur le lieu de la découverte d’une image miraculeuse de la Vierge au sommet de la falaise du cap Espichel. Prodigieuse trouvaille que l’on doit à deux anciens, l’un de Caparica, l’autre de Alcabideche, avertis en songe par Dieu. À partir de cette date, le sanctuaire et le culte de Notre-Dame du Cap gagnent en popularité, attirant des pèlerins venant de la région de Lisbonne et d’ailleurs. Toutefois la renommée du Cap Espichel s’explique aussi par une seconde légende, qui est d’ailleurs ma préférée, où la Vierge montée sur une jument, escalada la paroi à-pic de la falaise, laissant au passage des empreintes dans la roche.

La légende des empreintes du Cap Espichel

Une nuit, la Vierge apparut en rêve à deux anciens, l’un habitant à Caparica, l’autre à Alcabideche. Obsédés par cette vision, chacun de leur côté, ils se mirent en route à la recherche de l’endroit où se produisit cette apparition. Après quelques temps d’errance, les deux hommes se rencontrèrent au Cap Espichel dont le paysage aride et sauvage ressemblait fort à celui de leur rêve. Ils firent connaissance et apprirent avec surprise qu’ils avaient eu la même vision la même nuit.

Une apparition miraculeuse

Se tenant au bord de la falaise, ils entendirent soudain, comme de puissants coups de marteau mêlés aux mugissements du vent et aux fracas des vagues. Se rapprochant du précipice pour y chercher la source de ce martèlement, ils restèrent pétrifiés devant une scène qu’ils certifièrent plus tard, être un miracle. Car ce qu’ils virent était proprement incroyable! Une jument, transportant une femme, escaladait la paroi verticale de la falaise, dite Pedra da Mua. Sous l’effort, ses sabots heurtaient la roche dans des gerbes d’étincelles. La dame, entourée d’un halo de lumière, vibrait d’une puissance surnaturelle qui fit reculer les deux hommes.

Ce fut à ce moment-là qu’ils comprirent qu’ils avaient devant eux, la Vierge, surgissant dans toute sa splendeur, comme dans leur vision. Ils tombèrent à genoux, les yeux fermés, éblouis par tant de magnificence. Le temps de se relever, l’apparition avait disparu. Toutefois, les empreintes laissées dans la pierre par la formidable jument prouvèrent aux deux anciens qu’ils n’avaient pas rêvé.

Cette petite chapelle fût construite en 1410 pour abriter l’image de la Vierge trouvée à cet endroit. Par ailleurs, l’intérieur est décoré de panneaux d’azulejos qui évoquent les deux légendes du Cap Espichel

Apogée et déclin du culte du Cap Espichel

Au XVIIIème siècle, le sanctuaire est donc à son apogée avec l’édification d’une nouvelle église, grâce au roi D. Pedro II. Les fêtes et célébrations se succèdent en présence de la famille royale. Une hôtellerie ainsi qu’un réservoir, un aqueduc et un potager sont construits afin de répondre à l’affluence toujours plus grande des pèlerins. Néanmoins, au début du XIXème siècle, commence le déclin, amorcé par l’invasion du Portugal par les troupes françaises de Junot et la fuite de la maison royale et de sa cour pour le Brésil. Le sanctuaire tombe peu à peu dans l’oubli. Enfin, au XXème siècle, dans les années 70, des scientifiques ont identifiées les fameuses empreintes comme celles de dinosaures, des sauropodes de l’époque du Jurassique supérieur (en gros, il y a 150 millions d’années). Ceci marque la fin du culte de Notre-Dame du Cap.

La visite du Cap Espichel

Le sanctuaire maintenant sans vie reste captivant par son côté austère et simple. Aucune décoration ni statue orne le lieu comme si le paysage seul suffisait à démontrer la présence d’une force supérieure. En effet, on ne peut qu’être happé par l’immensité du ciel et de l’océan et se sentir bien insignifiant. D’ailleurs, certains font remonter le caractère sacré du lieu à une époque bien plus lointaine que le XVème siècle et qu’il trouverait peut-être son origine à la préhistoire.

Après avoir fait le tour de l’hôtellerie et de l’église, nous avons longé la falaise pour aller admirer la petite chapelle avec son toit de style mauresque. De là, vue imprenable sur la plage dos Lagosteiros en contre-bas. On distingue aussi la Costa da Caparica et à l’horizon le massif de Sintra.

Plusieurs chemins parcourent la lande et vous pouvez rejoindre à pied le phare qui se trouve un peu plus loin. Le jour de notre visite, il y avait un vent à décorner les bœufs et on y est allés en voiture. Oui, oui, on a fait les fainéants 😉

Informations pratiques

Comptez 1h à 1h30 pour faire le tour du Cap Espichel et du sanctuaire et le temps de faire quelques belles photos.

Le site est en libre accès et est toujours ouvert.

Des panneaux en portugais, anglais et français expliquent les différentes parties des bâtiments. A noter qu’il est interdit de prendre des photos dans l’église. Il y a aussi un petit café où vous pourrez vous poser et boire un verre.

Se munir d’un chapeau et mettre de l’écran solaire car il n’y a pas un brin d’ombre sauf sous les arcades. Prévoir aussi des chaussures confortables surtout si vous souhaitez vous balader dans la lande.

Enfin, ne vous approchez pas du bord des falaises qui sont instables. Néanmoins une partie du parcours est sécurisée.

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Visite du phare

Le phare du Cap Espichel est ouvert au public tous les mercredis après-midi. L’entrée est gratuite.

Comment s’y rendre

Le Cap Espichel se trouve au sud de la Costa de Caparica et marque le point de départ de la Serra da Arrábida. Situé à 1 heure en voiture de Lisbonne, il n’est malheureusement pas possible de s’y rendre en transport en commun. Bon, il y a bien un bus qui part de Sesimbra (le 201 de TST) mais il ne s’arrête qu’une fois par jour à Cap Espichel et vous n’aurez que 40 min pour visiter avant que le bus reparte pour Sesimbra. Donc, pas pratique du tout!

Le stationnement est gratuit.

Nous avons adoré cette petite excursion au Cap Espichel. Le paysage est vraiment magnifique. La lande était tapissée d’une incroyable variété de fleurs et j’ai pu ainsi faire quelques photos en macro. Notre seul regret est de ne pas avoir eu le temps d’aller voir ces célèbres empreintes de dinosaures. Pas grave, ce sera sûrement pour une prochaine fois !

Cap Espichel, terre sauvage de légendes, à 1 heure de Lisbonne

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Até logo!

Sources :

  • Santuário de Nossa Senhora do Cabo / Santuário de Nossa Senhora do Cabo Espichel / Santuário de Nossa Senhora da Pedra da Mua, SIPA.
  • Conjunto da Igreja de Nossa Senhora do Cabo, casa dos círios e terreiro, DGPC.

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